lundi 31 octobre 2011

Panoptique oblique de JC (le voir de la prison)

Peut-être voyait-il le martyre de Saturnin : cet exil perpétuel loin de la couleur; contre un mur rongé de salpêtre ; ses petits yeux comme fenêtres qui enregistraient les traits en attente de portraits qui ne se fixaient pas. Il aurait aimé descendre de la niche, parcourir les dalles à la géométrie raffinée que l'on ne remarquait jamais. Mais c'était une menace qui ne souciait personne.

Tod im paradies

La place des mains
où le corps refuse de glisser
dans cette fournaise de bleu et de vert
la dame à l’accent russe
rêve qu’elle est une caméra
sobre et destructrice
qui filme l’île d’Horta
où « un marin jadis s’installa »
repu de monde et d’étés
mais comme le jeu reprend son cours
elle quitte ces brouillards où l’idée se hasarde
au bord d’un lac où l’on ne voit que soi
ses mains se déplacent plus vite
à déraper toujours sur le tapis disputé
elle ignore que H. n’était plus revenu
qu’il ne sortait plus de l’hôpital Oboukhov, n°17



Loin de Hambourg

F. Wasmann




Elle a des lunettes marrons assorties à ses boucles d’oreille. Prise par sa lecture, elle ne manifeste aucune envie de se lever alors que les passagers se pressent vers la sortie. Le livre qu’elle lit s’intitule : «L’adoration ». Jaquette toute simple, un peu passée. Un livre d’occasion ou alors un petit ouvrage égaré dans une bibliothèque et vite emporté le matin. Roman ou essai, il provoque visiblement chez elle, un sentiment de paix qu’elle cherche à prolonger même quand le train arrive en gare.




Cap recte




"Les anguiles daurades van fer un esforç i van nedar recte cap a l'horitzó. Van continuar nedant, recte cap endavant, sense tenir en compte els sofriments del passat, recte cap a la llunyana mar dels Sargossos".

Joan Pons, La Casa de gel, p. 204.

Mardi 18 décembre 1917 (SZ)

"Ensuite, comme nous voulions nous en aller, un charivari dans toutes les langues. La tour de Babel croulant dans la Bahnhofstrasse de Zurich : Saccharoff et deux peintres russes, Clothilde van Derp, Bianca Segantini, l'Alsacien Goll, de jeunes Polonais et Français, un pêle-mêle de langues ! Et tous de descendre la rue illuminée, bras dessus, bras dessous, riant et chahutant dans toutes les langues." S. Zweig, Journaux, 1912-1940.

Palavras de luz

Photo : CRN, Lisbonne, 2011
Plusieurs mètres devant toi
tu prends la photo
échappée de ce film qui se déroule sous tes yeux
le murmure de la lumière
réminiscence d'Aurore

vendredi 21 octobre 2011

La boutique de JC

Et derrière la devanture, derrière la flagellation, derrière le Louvre
et derrière Jaume
derrière une éternité d'histoire de l'art
le J comme dans ci-gît
celui du jeu
et le C qui n'attend pas très loin
que par le geste la torture reprenne



*
Au sacrifice qu'offrait la boutique
il préférait celui de Marsyas
qui nous faisait plus ouvertement complice
de ce que l'on souhaitait