samedi 29 septembre 2007

Les cheveux

Perpétuelle interrogation. Qu’est-ce que leur vie ? Question vaine. Question qui repose sur un abîme : comment l’autre est possible ? Le voilà enfant qui danse autour de cette interrogation.
La seule réponse qu'il ne se lassait d'affronter portait sur sa calvitie. On l’avait toujours connu chauve. Un peu comme si avoir des cheveux aurait représenté une trahison de son être profond. Il les avait pourant si subitement perdu, ses cheveux. En moins d’un mois. Son père venait de mourir et, petit dernier, il était resté avec sa mère, endurant, plus qu’à l’accoutumée non la tristesse mais la furie de ce petit monstre égoïste.
Elle n'avait rien remarqué.
Elle sortait souvent. Fréquentait, bientôt, d'autres hommes. Vulgaires et secrets. Inquiétants, menaçants.
Il avait fui à Paris.
Elle ne s'inquiétait pas. C'était la guerre mais elle, oubliait qu'elle avait un fils.
S'engager ? Déserter ?

vendredi 28 septembre 2007

jeudi 27 septembre 2007

"Agonies urbaines" ?

A propos du très beau livre : Petites agonies urbaines, éditions Le Bec en l'air.
Michel Denancé signe les photos de l'ouvrage accompagné des textes de 6 auteurs dont Jacques Jouet et Jeanne Benameur.
Dans la préface, le photographe (architecte de formation) explique que c'est un peu par hasard qu'il s'est intéressé à ces maisons et immeubles murés, attendant sereinement leur effacement du paysage urbain. Est-ce bien un hasard ? Plus peut-être que pour le chantier, matière à images, la maison abandonnée débouche sur un imaginaire puissant que le passant curieux cherche à sonder. Plus qu'au monde du fait-divers, c'est à l'univers du roman et du conte que se raccroche cette passionnante enquête visuelle et narrative.

mercredi 26 septembre 2007

Marcher vers, marcher autour

La question de la direction plus que celle de l'objectif. Etre sensible à la forme que prennent les traversées de Wolfgang Büscher.
Ecrire, c'est aller vers l'Est (Berlin-Moscou), avec ses jambes, son carnet, l'oeil alerte du reporter. Ecrire vers l'Est avec ce corps. Ce corps seul, comme démenti de l'Histoire qui traverse et ravage. Ou plutôt : marcher comme traversée moins de l'espace (wald! wald!) que du temps.
Ecrire, c'est faire le tour (l'Allemagne, un voyage). La frontière comme fil d'où le funambule peut tomber (dans le Rhin glacé ? dans le lit d'une chambre aux souvenirs déprimants ?). Mais habile, l'athlète au doux lyrisme, à force de marcher, d'écrire, dégage bien une forme, dont on ne sait si elle dément ou confirme le pessimisme global qui ancre déjà ce siècle.

mardi 25 septembre 2007

France Musique - "A portée de mots"

Merveilleux moment à écouter Martine Cadieu parler de Luigi Nono. De cette traversée mystique de la Forêt Noire, qui lui inspirera Camiantes, no hay camino. Ce qui compte désormais, pour Nono, c'est de cheminer. Et nous suivons encore Cadieu évoquer le dialogue de Falla et de Lorca. Au plus près de cette parenté entre poésie et musique.

dimanche 23 septembre 2007

vendredi 21 septembre 2007

La page

« la liaison entre vêtement et secret s’impose »
in P. Boutang, Ontologie du secret, p. 50.


Dehors un orage se prépare
L’orage a lieu.

Le journal est ouvert sur la table 9.
Sur la page de gauche, trois brèves politiques et un article de fond sur la réélection d’un élu, condamné dans le passé.
Sur la page de droite, un fait-divers.

Donat attend Antonio qui
ne viendra pas qui ne se lèvera plus
qui laissera ses vêtements sales des avants-veilles
mettre encore plus d'ombre dans la pièce.
Donat le sait et tourne la page
à la table 9.

Au comptoir, le barman essuie des verres,
qu’il s’amuse à grouper par trois.
Il se demande bien comment Donat
peut bien faire quand il pratique.


Donat est exorciste.
il extirpe les maux et les morts
de ces corps qui se penchent et se
relèvent brusquement.

Antonio ne viendra donc pas
et il sera temps de quitter l'enroit.

On se sent plus généreux
après l'orage.