vendredi 26 octobre 2007

mardi 23 octobre 2007

Nuit et jour du silence


Les bruits qui émanent de la nuit, que le jour cachait. "La nuit vient avec le chant" clame Mario Luizi.
Les entendre puis les voir.
Klavdij Sluban ne sort pas armé de la nuit. Seulement, avec tenacité, il y retourne et nous y entraîne. Nous le suivons comme des clandestins de luxe, sensibles à ces corps qui se tendent et se fondent dans la ténèbre, matière complice du regard du photographe. Drôles d'escarpements, comme en dedans, qu'une exigence formelle approfondie, de série en série, éloigne de tout exotisme. Il en ressort une étrange intimité qu'une lumière trop pressante aurait empêché. Pour preuve cette énergie se déployant avec souplesse, dans chacun des clichés, avant de nous retourner quelque brusque vérité. Une lecture trop conventionnelle raterait l'incandescence de ces moments n'y cherchant que les indices d'une histoire de l'art, de la photographie, du signe. A moins que l'on y puise de quoi rationnaliser l'émotion. Ainsi, ces chaussures, au centre d'une image, s'accumulent de manière inquitétante. Souliers démultipliés de Van Gogh préfigurant ceux du Canada (à Auschwitz), groupés comme les montagnes du Crime.

F de Fenster

1.
vision de ta robe
ces deux étés de percale
surjetés
cette petite projection privée par
la fenêtre
écran sans fin
la force de ta fatigue
austère et pleine de nos vies
qui dans le jour renonçaient à
l’amour

2.
comme on
s’applique à dire le mot
- aussi lisse qu’un mur -
comme il n’est plus le roi de la forêt
il peut tester le pouvoir de cette profération
sur les êtres qu’il rencontre
et voilà comment
à l’aide d’un mot nouveau
et débarrassé du pouvoir qui l’encombrait comme une
maladie mortelle
voilà comment
celui qui avait perdu son
nom
fit de toi
l'objet même de la rencontre
- ce futur lointain du poème