dimanche 2 septembre 2007

Main(s)




"y así dos manos son una sola mano"
Roberto Juarroz in Decimocuarta poesia vertical, 67


Dans le texte de Juarroz, le processus de fusion jusqu'à disparition du double, associé au "voyage", n'est que solution provisoire. A la fin du poème, rien n'est joué : la question reste posée car la réponse n'engendre qu'échanges muets.
Comment détacher main et bras ? En somme, qu'est-ce que la main sans le mouvement ? Véritable poumon, le bras aurait cette fonction unique : dédoubler (le double réincorporé) sinon décupler des potentialités de porte-lance. Le bras, son plus fidèle ami, est le voyage de la main. A ce stade, le reste du corps est inutile. Main-bras=poumon et cette possibilité du déplacement. Donc, tout à la fois, jambe et pied. Nouveau centre, distribuant singuliers et pluriels organiques le long d'une ligne de partage qu'il faut fouiller avec obstination.
*
Pour Jabès (La Mémoire et la main), la main est condensé de l'expérience humaine; bien plus que le visage - si ce n'est, visage véritable.
Alors, oublions provisoirement le pessimisme de Bernard Noël.
Dans Extraits du corps, les mains sont impuissantes et déchirées. C'est toujours le geste qui, parfois en pleine lumière, efface la main, les mains -condamnées au silence, à l'obscurité.

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