Echos de la Triennale d'architecture de Lisbonne.
J'en ressors presque accablé, plein d'amertume. Si le "vide urbain" est plaie, la solution ici proposée a l'élégance de l'amputation. Le chirurgien au discours ampoulé est le boucher de la complainte : par ici les petits enfants. Je vous découpe et Saint-Nicolas vous raccomodera (peut-être). J'épouve donc le sentiment que les architectes sont loin d'être les thérapeutes attendus. N'écrivent-ils pas la ville avec le stylo du Capital; plaçant ça et là les bornes et portiques enchantés du panoptisme et du biométrisme ? Ne repeignent-ils pas nos cités grises des couleurs chatoyantes de la gentry globalisée ?
Dans un deuxième mouvement, je perçois mon erreur. Non pas dans la critique d'une certaine architecture, au service non de la liberté et de l'imagination mais vitrine respectabilisant le libéralisme le plus grossier (y compris dans ses variantes administratives). L'erreur tient au diagnostic, trop rapide du "vide" comme lieu de souffrance appelant "intervention". Le "vide urbain", espace-temps polysémique, est ruine et devenir, excès et nudité. Des mangroves s'y développent. Le désir et l'effroi y frayent sans pudeur et romantisme.
Jardins ouvriers déglingués de bricoles, écumes des taudis, envers des passerelles et ponts d'autoroutes des dégazages et dézinguages, favelas et ruelles végétales des déchets, dédales et ruisseaux des misères, autant d'interstices et hauts fonds résistant et, peut-être, érodant, la ville LCD.
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