samedi 20 octobre 2007

Les baskets de Roubaud

Il y avait eu cette rencontre rue Richelieu, à la BNF. Dominique Perrault n'avait pas encore dressé les tours projetant l'ombre de Mitterrand sur la Seine. Une rencontre près du fichier des incunables. Une rencontre ? Il faut être deux pour cela. Or, étrangement, puisque j'étais un de ses lecteurs, Roubaud ne me reconnut pas. Il portait des baskets si peu protocolaires (prêtées par Jacques Réda ?). Il avait aussi un t-shirt bleu enfoncé dans son pantalon remonté très haut. Nul ne veillait plus sur lui. C'était bien après le début du projet Mississippi Haibun (La bibliothèque de Warburg). Ces baskets l'attestaient : il fallait l'ordre et la déraison d'un dispositif pour encore venir ici. Pas même se méfier du lecteur mais échapper à cette "mort qui progresse encore" (Quelque chose noir), avant même qu'elle ne vienne. Et ce qui me touchait déjà, voyant Roubaud tenir ce carnet à l'ancienne et remonter les marches vers la salle de lecture, c'était la clarté de ses échecs presque aussi beaux que ses vers. Il fallait marcher comme lui et autant que lui pour en rire ainsi.

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