mardi 23 octobre 2007

Nuit et jour du silence


Les bruits qui émanent de la nuit, que le jour cachait. "La nuit vient avec le chant" clame Mario Luizi.
Les entendre puis les voir.
Klavdij Sluban ne sort pas armé de la nuit. Seulement, avec tenacité, il y retourne et nous y entraîne. Nous le suivons comme des clandestins de luxe, sensibles à ces corps qui se tendent et se fondent dans la ténèbre, matière complice du regard du photographe. Drôles d'escarpements, comme en dedans, qu'une exigence formelle approfondie, de série en série, éloigne de tout exotisme. Il en ressort une étrange intimité qu'une lumière trop pressante aurait empêché. Pour preuve cette énergie se déployant avec souplesse, dans chacun des clichés, avant de nous retourner quelque brusque vérité. Une lecture trop conventionnelle raterait l'incandescence de ces moments n'y cherchant que les indices d'une histoire de l'art, de la photographie, du signe. A moins que l'on y puise de quoi rationnaliser l'émotion. Ainsi, ces chaussures, au centre d'une image, s'accumulent de manière inquitétante. Souliers démultipliés de Van Gogh préfigurant ceux du Canada (à Auschwitz), groupés comme les montagnes du Crime.

Aucun commentaire: